lundi 6 janvier 2014

"Ode a Staline", Paul Eluard, 1950




Staline dans le coeur des hommes
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d'un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.

Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d'amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite


Cet extrait de l'Ode a Staline de Paul Eluard est un poème en vers sensé glorifier la personne de Joseph Staline, en effet Paul Eluard est un fervent supporteur le Staline. Paul Eluard est né en Décembre 1895 a St Denis et mort a Charenton-le-pont en 1952, il est communiste mais il st exclu du parti pour ses idées pro-stalinistes. Le poème paru en 1950 mais on ne le trouve dans aucun de ses recueils néanmoins, le poème est une Ode au Secrétaire Géneral du Partie Soviétique en URSS, en effet le poème renforce ce culte de personnalité que les supporters de Stalin lui vouent.    

L'illustration est une affiche de propagande soviétique qui montrent bien le culte de la personnalité que voue la population Russe a leur Dictateur, l'affiche est parue dans les années 40 et montre le "petit Père du Peuple" dirigeant ses cityoens vers un futur plus prospère, notons aussi la présence d'un arsenal militaire très important, l'affiche datant des années 40 c'est certainement une propagande visant a pousser les ouvriers a produire plus pour combattre les Nazis.Le culte de la personnalité de Staline lient ces deux oeuvres d'art. 

"Il y en a qui prient, il y en a qui fuient" René Tavernier, 1943





Il y en a qui prient, il y en a qui fuient,
Il y en a qui maudissent et d'autres réfléchissent,
Courbés sur le silence, pour entendre le vide,
Il y en a qui confient leur panique à l'espoir,
Il y en a qui s'en foutent et s'endorment le soir
Le sourire aux lèvres.

Et d'autres qui haïssent, d'autres qui font du mal
Pour venger leur propre dénuement.
Et s'abusant eux-mêmes se figurent chanter.
Il y a tous ceux qui s'étourdissent...

Il y en a qui souffrent, silence sur leur silence,
Il en est trop qui vivent de cette souffrance.
Pardonnez-nous, mon Dieu, leur absence.
Il y en a qui tuent, il y en a tant qui meurent.


Et moi, devant cette table tranquille,
Écoutant la mort de la ville,
Écoutant le monde mourir en moi
Et mourant cette agonie du monde.

René Tavernier est un poète résistant français né en 1915 et mort en 1989, il publie ses premiers poèmes dans le journal résistant "La Nouvelle Revue Française" (NRF). Il s'échappe du Camp de Concentration de Drancy après sa capture et émigre aux Etats-Unis.Pendant la Guerre il est principalement a Lyon, il cache chez lui en 1943 deux grands résistants Elsa Triolet et Louis Aragon, lui aussi Auteur engagé. Il écrit ce poème pour encourager les autres résistants.

L'illustration choisie est simple, c'est une photo montrant un peloton de la Wehrmacht avant d'exécuter un résistant, l'auteur, l'emplacement et la date sont inconnues, on peut néanmoins situer la prise entre 1940 et 1944. La photo est simple mais elle montre la violence commise contre les Résistants, ce sont les poèmes comme celui-ci qui poussent les combattants a continuer leurs efforts même si ils vont être confrontés avec la mort un jour.

"Si Je Mourais là-bas" Appolinaire, 30 Janvier 1915





Si je mourais là-bas sur le front de l'armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -


Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

30 janv. 1915, Nîmes. 


Le poème étudié est un texte écrit par Appolinaire en 1915 avant son envoi sur le front  destinée à son Amour "Lou" à qui il décrit une série de poèmes tous parues après sa mort dans un recueil intitulé "Poèmes a Lou". Appolinaire est un poète français né en 1880 et mort au de fièvre espagnole a Paris en 1918. Le poète imagine dans ce poème sa mort et la décrit en détail a sa bien-aimée.

La Guerre peint de 1929 a 1932 par le peintre allemand Otto Dix(1891-1969)est un triptyque qui représente la Grande Guerre, on y voie 4 étapes: Le départ au Front, le combat horrible, la mort et le sauvetage d'un soldat par le peintre qui se représente sous les traits d'un Héros. Nous avons choisis ce poème car la violence exprimée dans la peinture de Dix est très semblable a la description horrible de la mort du poète. 

Le Dormeur du Val, Arthur Rimbaud, 1788, parus dans le receuil "Octobre 1870".






C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.



Le poème "Le Dormeur du Val" est  un sonnet en alexandrins, il a été écrit pendant la guerre Franco-Prussienne de 1870 et décrit le cadavre d'un soldat français qui a été tué par un fusil Prussien. L'auteur est un des plus célèbres de la littérature française  malgré sa courte vie (1854-1891) son oeuvre est très vaste malgré cela il est impossible de l'attacher a un des mouvements de la fin du XIXème Siècle car il est un auteur assez rebellé, déjà dans sa jeunesse on lui attribua une grande intelligence.

L'oeuvre illustrative a été peinte en 1889 par Aimé Morot (1850-1913) s'intitule "La Bataille de Reichshoffen" qui représente comme l'indique son nom la bataille de Reichshoffen où l'armée française fût massacrée et perdu toute leurs troupes présentent en Alsace. Nous avons choisi cette peinture car l'arrière plan peint avec des couleurs très vive rappelle au lecteur le petit val verdoyant ou on retrouve le soldat mort.

Les Tragiques, Agrippa d'Aubigné, 1616



Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage ;
Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
À la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !



Ce poème est un extrait de l'ouvrage "Les Tragiques" d'Agrippa d'Aubigné, du Livre I , vers 97 à 130, publié en 1616.  L'auteur est né le 8 février 1552 sous le nom de Théodore  Agrippa d'Aubigné, il provient d'une famille aristocratique Huguenote et s'engage très vite au côté des protestants pendant la Guerre de 30 Ans, soldat sous le Roi de Navarre au début il délaisse après quelques années de combat l'armée pour combattre le catholicisme à la plume, fervent Calviniste il meurt le 9 mai 1630 a Genève.

L'illustration choisie est la célèbre peinture de Francois Dubois intitulée "Le Massacre de la Saint-Barthélemy", peinte entre 1572 et 1584 c'est une représentation du massacre des protestants pendant la nuit du 24 au 25 Aout 1572 qui fît 2500 morts dans la capitale seulement, on voit les protestants pendus, noyés dans la Seine et tués par les épées du Roi de France, le choix de l'illustration a été faite car elle présente ce massacre de la même manière horrible que le fait le poème, le massacre est aussi d'importance personnelle à l'auteur puisque c'est après le massacre il joint les rangs du Roi de Navarre.

Extrait de la Chanson de Roland, "Durs sont le Coups..." , traduction en francais moderne par Adolphe d'Avril, 1877


Durs sont les coups, cruel est le combat.
Bien grande perte il y a des chrétiens.
Celui qui vit Olivier et Roland Frapper, 
tailler de leurs bonnes épées, 
De bons guerriers pourra se souvenir ! 
Notre archevêque avec son épieu frappe. 
Des païens morts on connaît bien le nombre, 
Car c'est écrit dans les chartes et brefs. 
La geste dit plus de quatre milliers. 
A quatre chocs les Franks ont résisté ; 
Mais le cinquième est cruel et funeste ! 
Tous sont occis, ces chevaliers français, 
Soixante hormis, Dieu les a épargnés ! 
Ils se vendront bien cher avant qu'ils meurent. 

La Chanson de Roland est une chanson de geste, un poème épique de la fin du XIe siècle dont on pense que l'auteur est Turold, qui est représenter comme un personnage nain dans la tapisserie de Bayeux. La chanson compte environ 4000 vers dans sa version la plus ancienne, dans la première version manuscrite datant du XIIème siècle elle en compte plus de 9000 vers. La chanson relate le combat épique de Roland dans la bataille de Roncevaux, les vertus de la chevalerie, les honneurs féodal et de la foi. Le personnage de Turold est assez énigmatique, on ne sait toujours pas ses origines mais on croit qu'il s'agit ou de Turold l'abbé de Peterborough mort en 1098 ou de Turold d'Everneux l'évêque  de Bayeux qui fût évêque de 1097 a 1104.

Tel l'extrait ,l'illustration exprime le combat de Roland, l'illustration représente les 8 phases de la chanson, on voit en premier plans les troupes Francs combattants les Maures tel qu'on le décrit dans l'extrait. Cet illustration provient d'une édition de la Chanson de Roland du XVème siècle dessiné par Jean Fouquet (1415/20-1478/81), il est considéré comme un des premiers peintres de la Renaissance française, il est surtout connu pour le Diptyque de Melun qu'il peint en 1450.

"Voici un autre exploit qu'accomplit ce vaillant guerrier..." Extrait de L'Illiade d'Homère, 850-750 Av. JC



Voici un autre exploit qu'accomplit ce vaillant guerrier
dans le cheval de bois où nous gîtions, toute l'élite 
des Grecs, portant la mort et le meurtre aux Troyens.
Tu vins [Hélène] où nous étions ; sans doute t'y avait poussée 
quelque divinité qui voulait la gloire de Troie ; 
et Déiphobe égal aux dieux s'avançait sur tes pas. 
Ayant tourné trois fois autour du piège en le tâtant,
tu appelas chacun par son nom les princes d'Argos 
en imitant la voix de leurs épouses ;
moi cependant, le fils de Tydée et Ulysse,
nous étions là au milieu d'eux à écouter ta voix ;
et déjà, tous les deux, nous nous levions, ne songeant plus 
qu'à bondir au-dehors ou à répondre sans attendre ; 
mais Ulysse, malgré notre désir, nous refréna. 
Les fils des Grecs restaient ainsi tous sans mot dire, 
hors Anticlos qui s'apprêtait encore à te répondre ;
mais Ulysse lui mit ses deux fortes mains sur la bouche 
et le contint, pour le salut de tous les Grecs, 
jusqu'à ce que Pallas Athéna t'éloignât.

L'Illiade d'Homère est un chant composé d'approximativement quinze milles trois cents vers et 25 chants distincts, c'est une oeuvre qui fût d'abord chanté par le poète Homère qui est souvent considérés comme le premier et le plus grand poète de touts les temps. On ne sait pas beaucoup de choses sur l'auteur, d'après plusieurs descriptions d'autres auteur de l'antiquité c'était un troubadour aveugle, d'autre aussi disent qu'il n'ait jamais existé. Dans cet extrait qui se trouve dans le VIIème chant raconte l'entrée des Grecs dans Troie a l'aide du mythique cheval de Troie, Hélène, la cause de la guerre de Troie inspecte le piège des Grecs.

L'illustration choisie est une des deux peintures représentant le cheval de Troie entrant a Troie peint en 1760 par le peintre Italien Giovanni Domenico Tiepolo, le titre de l'oeuvre est "La Procession du Cheval de Troie entrant dans Troie", l'oeuvre est exposée a la National Gallery a Washington DC, elle illustre parfaitement le poème choisi puis-ce-que l'extrait décrit cette arrivée dans Troie.