lundi 6 janvier 2014

"Il y en a qui prient, il y en a qui fuient" René Tavernier, 1943





Il y en a qui prient, il y en a qui fuient,
Il y en a qui maudissent et d'autres réfléchissent,
Courbés sur le silence, pour entendre le vide,
Il y en a qui confient leur panique à l'espoir,
Il y en a qui s'en foutent et s'endorment le soir
Le sourire aux lèvres.

Et d'autres qui haïssent, d'autres qui font du mal
Pour venger leur propre dénuement.
Et s'abusant eux-mêmes se figurent chanter.
Il y a tous ceux qui s'étourdissent...

Il y en a qui souffrent, silence sur leur silence,
Il en est trop qui vivent de cette souffrance.
Pardonnez-nous, mon Dieu, leur absence.
Il y en a qui tuent, il y en a tant qui meurent.


Et moi, devant cette table tranquille,
Écoutant la mort de la ville,
Écoutant le monde mourir en moi
Et mourant cette agonie du monde.

René Tavernier est un poète résistant français né en 1915 et mort en 1989, il publie ses premiers poèmes dans le journal résistant "La Nouvelle Revue Française" (NRF). Il s'échappe du Camp de Concentration de Drancy après sa capture et émigre aux Etats-Unis.Pendant la Guerre il est principalement a Lyon, il cache chez lui en 1943 deux grands résistants Elsa Triolet et Louis Aragon, lui aussi Auteur engagé. Il écrit ce poème pour encourager les autres résistants.

L'illustration choisie est simple, c'est une photo montrant un peloton de la Wehrmacht avant d'exécuter un résistant, l'auteur, l'emplacement et la date sont inconnues, on peut néanmoins situer la prise entre 1940 et 1944. La photo est simple mais elle montre la violence commise contre les Résistants, ce sont les poèmes comme celui-ci qui poussent les combattants a continuer leurs efforts même si ils vont être confrontés avec la mort un jour.

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